Un expert de l’inventaire forestier en République du Congo partage son expérience et ses connaissances avec un pays voisin
Lorsque Basile Mpati entre dans la forêt, il se métamorphose. Ses yeux étincellent, son sourire est contagieux et il ne semble nullement être importuné par l’humidité opprimante, les piqûres d’insectes innombrables et la boue épaisse. Au contraire, il fait une pause de temps à autre pour regarder le couvert forestier et laisse échapper un soupir. « Vous entendez? », demande-t-il. « C’est la voix du silence. »
Pour M. Mpati, c’est dans ces forêts du bassin du Congo, comptant parmi les forêts les moins étudiées et les plus méconnues du monde, qu’il se sent le plus chez lui. Toutefois, marcher en forêt n’est pas seulement un passe-temps agréable pour lui, bien qu’il ne cache pas qu’il y passerait jour et nuit s’il le pouvait. Non, M. Mpati est ici pour aider son gouvernement à s’assurer que ces vastes et précieuses forêts restent intactes.
Les techniciens ont appris comment échantillonner correctement les sols tourbeux, une première étape pour en savoir plus sur la quantité de tourbe stockée dans ces forêts. Photo offerte par Eva McNamara, Programmes Internationaux du Service Forestier des États-Unis.
En 2014, le Service forestier des États-Unis, soutenu par le Programme régional pour l’environnement en Afrique centrale (CARPE) de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a commencé à travailler avec le ministère de l’Environnement de la République du Congo pour aider le gouvernement à dresser son inventaire forestier national. À l’époque, cela signifiait collaborer avec divers techniciens gouvernementaux pour adapter les méthodologies d’inventaire utilisées pour les zones forestières humides et tourbeuses, dont beaucoup sont difficiles d’accès et à mesurer puisqu’elles sont inondées durant toute l’année. Après avoir assuré la formation des techniciens aux méthodes spécialisées d’inventaire des forêts humides et tourbeuses, le gouvernement a officiellement reconnu et ratifié l’approche recommandée pour toutes les forêts humides du pays. Ce partenariat garantit que ces forêts riches en carbone sont mesurées avec exactitude de sorte que le gouvernement dispose de mesures de référence pour prendre les dispositions adéquates afin de protéger et gérer ces zones.
Après avoir suivi cette formation, M. Mpati, le superviseur technique pour l’inventaire forestier national de la République du Congo, est devenu tant un expert qu’un formateur attesté dans le domaine des forêts humides et des tourbières dans son pays.
En janvier 2018, durant une mission appuyée par le programme SilvaCarbon, M. Mpati a traversé le fleuve Congo pour rencontrer un groupe de techniciens gouvernementaux en République démocratique du Congo afin de leur offrir la formation sur l’inventaire des forêts humides qu’il avait lui-même reçue. Ce n’est que récemment que l’étendue des forêts tourbeuses en République démocratique du Congo a été estimée et aucun inventaire n’a encore été établi.
Après la formation, M. Mpati a accompagné une équipe de techniciens au fin fond de la forêt pour les aider à dresser leur premier inventaire des zones forestières tourbeuses du pays. Cette formation sur le tas garantit que la République démocratique du Congo dispose dorénavant de techniciens expérimentés qui pourront dresser de manière autonome l’inventaire des autres forêts tourbeuses.
Mpati (gilet bleue) écoute alors que les techniciens décrivent les espèces d’arbres trouvées dans les forêts tourbeuses — des observations importantes qui permettront aux techniciens d’identifier plus facilement la présence éventuelle de tourbières à l’aide d’images satellites. Photo offerte par Eva McNamara, Programmes Internationaux du Service Forestier des États-Unis.
Pour M. Mpati, pouvoir participer à de tels ateliers est bien plus qu’un simple emploi. « Bien que nous soyons deux pays distincts, nous partageons les mêmes forêts », dit-il. « Pouvoir transférer ces connaissances sur les forêts humides et former mes homologues gouvernementaux de la République démocratique du Congo est un travail extrêmement important et essentiel. Si, en tant que région, nous ne parvenons pas à protéger ces forêts, les conséquences écologiques seront non seulement néfastes pour les personnes locales qui en dépendent pour leurs denrées alimentaires et combustibles, mais la quantité de carbone émise dans l’atmosphère sera dévastatrice pour le reste du monde également. »
Le Service forestier des États-Unis s’engage à aider les gouvernements à acquérir les compétences et les outils de pointe nécessaires pour garantir qu’ils prennent des décisions informées quant à la gestion et à la conservation de leurs ressources forestières. Outre les formations aux méthodes d’inventaire des tourbières, le Service forestier des États-Unis a offert un vaste éventail de formations techniques et d’outils pour renforcer la capacité des ministères responsables des forêts dans les deux pays. Ces formations concernaient les techniques d’échantillonnage et d’analyse des sols, la gestion durable des pâturages et des feux ainsi que les techniques de télédétection pour mesurer et surveiller le couvert forestier.
Mpati (gilet bleue) décrit aux techniciens les différences entre les sols tourbeux et minéraux lors d’une formation à Mbandaka en République démocratique du Congo. Photo offerte par Eva McNamara, Programmes Internationaux du Service Forestier des États-Unis.
Le Programme régional pour l’environnement en Afrique centrale (CARPE) de l’USAID œuvre depuis 1995 à appuyer la protection et la conservation des forêts et de la biodiversité dans la région. Renforcer la capacité du personnel gouvernemental est une composante essentielle pour s’assurer que des politiques efficaces de gestion environnementale soient mises en place aux niveaux nationaux et régionaux. En tant que partenaire pour la mise en œuvre, le Service forestier des États-Unis s’engage à travailler avec les gouvernements partenaires pour offrir des programmes spécialisés, des outils et des approches qui les aideront à réussir dans leurs efforts de protection et de conservation de leurs forêts et ressources naturelles.





